Comme bitcoin continue de battre de nouveaux sommets, il pourrait bien atteindre le cap de 100 000 $avant 2024
#Centre de nouvelles ·2024-04-24 06:44:03
Les cryptomonnaies repartent à la hausse. Le bitcoin vient de dépasser son record historique, atteignant plus de 72 000 dollars (56 300 livres sterling), franchissant ainsi le pic d’environ 69 000 dollars atteint lors du précédent marché haussier à la fin de 2021.
D’autres grandes cryptomonnaies, comme l’ethereum et le solana, ont également atteint leurs plus hauts niveaux depuis trois ans, portées par une hausse continue depuis l’automne dernier. La valeur totale du marché des cryptomonnaies a grimpé à 2 600 milliards de dollars, soit trois fois plus qu’au début de 2023, et se rapproche du sommet historique de 3 000 milliards.
Cette envolée s’est produite en grande partie alors que le dollar américain se renforçait par rapport aux autres devises (bien qu’il ait légèrement reculé ces dernières semaines). Habituellement, cela affaiblit les cryptomonnaies, ce qui souligne leur vigueur actuelle.
Dans le même temps, de nombreuses devises fiduciaires ont chuté face au dollar, si bien que le bitcoin a atteint des sommets historiques dans plusieurs d’entre elles — y compris en dollars à terme.
Qu’est-ce qui explique cette flambée des prix ? Et où va le marché pour le reste de l’année 2024 ?
Les ETF sur le bitcoin
Un des principaux moteurs de la hausse du bitcoin a été l’approbation, en janvier, par les autorités américaines d’un produit d’investissement appelé fonds négocié en bourse (ETF), axé sur le marché spot du bitcoin. Pour les épargnants ordinaires, un ETF est un moyen pratique d’investir dans un actif, généralement via des conseillers financiers, sans avoir à acheter directement l’actif sous-jacent.
Onze ETF sur le bitcoin ont été approuvés aux États-Unis, avec un volume quotidien dépassant désormais les 10 milliards de dollars. Les leaders du marché sont BlackRock et Fidelity, ce qui démontre un fort intérêt des acteurs traditionnels pour ces produits. À mesure que ces ETF se consolident, leurs gestionnaires proposeront davantage de matériel promotionnel et pédagogique pour attirer de nouveaux investisseurs.
Le marché des cryptomonnaies étant en constante évolution, une prochaine innovation pourrait être l’introduction de contrats d’options liés aux nouveaux ETF spot. Les options permettent aux traders de se couvrir contre les fluctuations du marché, et pourraient attirer encore plus de capitaux.
Cependant, la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis a récemment reporté l’examen de cette innovation à fin avril. Certains experts estiment que le processus pourrait prendre plus de temps, car il n’est pas encore clair quelle autorité régulera ces nouveaux produits dérivés.
Le halving du bitcoin
Un principe fondamental du bitcoin est que, tous les quatre ans environ, la récompense accordée aux mineurs (entreprises utilisant des réseaux d’ordinateurs pour "extraire" des bitcoins) est divisée par deux.
Le dernier "halving" a eu lieu en mai 2020, faisant passer la récompense de 12,5 à 6,25 bitcoins par unité de travail accompli. Le prochain aura lieu le 19 avril, abaissant cette récompense à 3,125 bitcoins.
Chaque halving réduit l’émission de nouveaux bitcoins, ce qui tend à faire monter les prix. Reste à savoir si cet événement est déjà anticipé par le marché, et donc s’il constitue vraiment un facteur de hausse à venir.
Une théorie veut que les institutions derrière les ETF spot achètent activement en ce moment, car elles savent que le marché disposera de moins de bitcoins disponibles après le halving.
L’avenir de l’ethereum
Dans les mois à venir, l’introduction d’ETF spot sur le système ethereum pourrait également dynamiser le marché. Au moins dix entreprises, dont BlackRock et Fidelity, ont déposé des demandes pour lancer ces ETF. La SEC doit statuer avant mai.
Tandis que la blockchain du bitcoin est surtout vue comme un outil de stockage de valeur, celle d’ethereum est devenue la plateforme de référence pour le développement d’applications décentralisées.
Le président de la SEC, Gary Gensler, considère que la majorité des cryptomonnaies — contrairement au bitcoin — devraient être classées comme des titres financiers (securities) et non comme des marchandises (commodities). Cela complique le processus d’approbation des ETF sur l’ethereum. Si les autorités estiment qu’ethereum est un titre, les ETF ne pourront pas acheter l’actif sur des plateformes classiques, à moins que celles-ci soient autorisées à traiter des titres.
Malgré cette incertitude, la mise à jour technique appelée Dencun (ou Duncan, aussi connue sous le nom EIP-4844) pourrait renforcer ethereum. Face à des concurrents comme solana ou avalanche, ethereum souffre de coûts élevés et de vitesses de transaction relativement lentes.
En 2023, ethereum est passé à un système de validation appelé "preuve d’enjeu" (Proof of Stake), première étape d’un plan visant à réduire les coûts et améliorer la scalabilité (la capacité à gérer un plus grand nombre d’utilisateurs). La mise à jour Dencun, prévue pour le 13 mars, améliorera l’efficacité du stockage des données sur le réseau, réduira les frais et renforcera la capacité du système.
Et ensuite ?
Prévoir les prix des cryptomonnaies est difficile. Le marché est extrêmement volatil, et ses hausses et baisses dépassent souvent les attentes. Le comportement humain reste la variable dominante — comme l’a dit Isaac Newton : "Je peux calculer les mouvements des astres, mais pas la folie des hommes."
Cela dit, la plupart des analystes prévoient une poursuite de la hausse des cryptomonnaies dans les mois à venir. Les années électorales tendent à être favorables aux investissements, et un éventuel second mandat de Trump pourrait instaurer un cadre réglementaire plus favorable aux cryptomonnaies (tout comme, au Royaume-Uni, une victoire de Rishi Sunak — bien que cela semble peu probable).
À mesure que le bitcoin se généralise et s’intègre aux actifs traditionnels, il n’est pas impossible qu’il atteigne 100 000 dollars en 2024 — un exploit remarquable pour une invention qui ne valait rien en 2009.
Andrew Urquhart est professeur de finance et technologies financières à l’ICMA Centre de la Henley Business School, Université de Reading.